SUD-OUEST Euralis construit l'avenir du chanvre

Avec la récolte 2009, l'usine Agrofibre de traitement du chanvre, à Cazères (Haute-Garonne), atteignait son point d'équilibre. Euralis y a investi 8 M€. Cette année, 350 agriculteurs d'Aquitaine et de Midi-Pyrénées ont cultivé du chanvre sur 3 000 ha, sous contrats au prix garanti de 120 €/t auquel peuvent s'ajouter primes d'approche ou de stockage. A leur charge le fauchage (160 €/ha) et la mise en bottes carrées (120 €/ha). Euralis s'occupe de la déclaration aux autorités de cette culture surveillée et organise le passage des entreprises qui fauchent. Intéressant en rotation, le chanvre améliore les sols, se passe de phytos, se contente de peu d'eau et d'azote, se récolte en septembre et produit de 2 à 18 t/ha.

« Nous voulons organiser une filière longue et durable avec l'acquisition de compétences, mais qui ne représente pas plus de 15 % de l'assolement pour éviter les risques de monoculture », explique Eric Cazagnes, directeur développement agricole Euralis-Coopéval.

De son côté, l'usine intégrée prépare le chanvre pour qu'il soit transformé en litière pour animaux, paillage, appâts ou isolant. Joan Reverté, directeur d'Agrofibre, précise : « Nous avons la plus grosse usine en Europe et dans le monde avec la possibilité de traiter 90 % des volumes en fibres techniques, plus qualitatives que les fibres papetières. » Et la valorisation sera encore plus poussée dans le cadre d'un projet d'éco-construction ,en cours de finalisation. Ce système déjà breveté, et imaginé avec le pôle de compétitivité AgriMip, s'appuie sur une brique en chanvre recyclable. Composée de chènevotte de chanvre et d'un éco-liant, elle est plus légère qu'une brique en béton avec des qualités d'isolation phonique et thermique supérieures. En 2011, le partenaire industriel d'Euralis pourrait fabriquer des briques en chanvre pour construire quarante maisons par mois.

Claude Mandraut